Appel à contributions : musiques populaires & écologie

communiqué 

Volume ! lance un appel à contributions sur les rapports entre musiques populaires et écologie
Les contributions sont attendues pour le 30 décembre 2025.

Directrice du numéro : Élodie A. Roy, PhD

Argumentaire

Les musiques populaires, en particulier depuis les années 1960, ont régulièrement été un outil de protestation, mais aussi un espace de désenchantement : le matériau musical et sonore peut exprimer un mécontentement vis-à-vis de conditions de vie, proposer des visions alternatives, utopiques mais aussi dystopiques, apocalyptiques ou nihilistes du passé, du présent ou de l’avenir. Dans les musiques populaires, la thématique écologique est présente depuis longtemps dans diverses esthétiques et scènes, des mythologies folkloriques et contre-culturelles au véganisme dans le straight edge et le crust punk, en passant par diverses prises de position dans le monde de la chanson, les stars mondiales de la pop, le metal ou les musiques électroniques. Les musiques populaires peuvent contribuer à la prise de conscience sociale et environnementale par la diffusion de chansons, de performances, etc., ainsi que par des initiatives à long terme telles que la mise en place de programmes éducatifs, de nouveaux modèles de production durables ou de projets traitant de paysages sonores (« naturels », industriels, urbains, etc.).

Pourtant, l’industrie des musiques populaires, marquée par la logique marchande capitaliste, est largement complice des processus mondiaux d’extractivisme, de destruction et d’externalisation des déchets, en particulier dans le Tiers-monde. Elle contribue significativement à la dégradation de l’environnement, par sa dépendance de matériaux hautement polluants, tels que l’emblématique vinyle, dont la toxicité est bien connue. Au-delà de la musique populaire et de sa culture matérielle fétichisée, c’est toute l’infrastructure du le streaming numérique et maintenant de l’IA qui ont maintenant des effets terribles sur l’environnement. En-deça de leur face visible et médiatisée, les industries musicales ont historiquement systématiquement exploité une main-d’œuvre anonyme et de plus en plus mondialisée : leur « écologie sociale » est tout aussi paradoxale.

Ces dernières années, la prise de conscience de la toxicité de l’industrie du disque a donné lieu à de nouvelles formes matérielles d’activisme, conduisant à l’imagination et à la création de nouveaux objets techniques. L’action environnementale se situe au niveau des matériaux eux-mêmes, les artistes cherchant par exemple à créer des disques « neutres » pour remplacer les phonogrammes en vinyle, la sensibilisation par le biais d’expérimentations sur les paysages sonores. De nombreuses salles et festivals s’approprient des pratiques et des dispositifs écologiques, et développent des innovations visant à réduire leur empreinte et/ou à refuser le gigantisme de l’industrie mondiale des tournées, en relocalisant la production et la consommation de musique live.

La « soutenabilité » est en effet devenue un élément récurrent dans la promotion, la production et l’organisation d’événements musicaux populaires. Cependant, ce paradigme peut facilement être détourné par les conglomérats capitalistes, mis en scène dans les événements qu’ils financent ou sponsorisent, et dont l’empreinte carbone est souvent désastreuse. Il peut également nourrir de nouvelles formes de gouvernementalité néolibérale, telles que les « écogestes » centrés sur l’action individuelle, tout en éludant les changements structurels nécessaires.

Ce numéro spécial de Volume ! abordera les liens riches et complexes entre musiques populaires et environnement, en examinant les pratiques, les discours et les représentations écologiques actuels et passés. S’inspirant d’un éventail de perspectives méthodologiques (économie politique, sociologie, cultural studies, histoire, esthétique, sound studies, etc.), les contributeurs et contributrices pourront explorer une multiplicité de thématiques (la liste n’est pas exhaustive) :

  • Approches historiques des rapports entre musiques populaires et environnement

  • Approches géographiques/géopolitiques : industries musicales, extractivisme et écologie dans le Sud global

  • Coût environnemental des infrastructures (physiques, live, numériques)

  • Ressources, organisation du travail et écologie

  • Matérialité : pratiques et innovations durables dans la performance, la production et la consommation des musiques populaires

  • Nouvelles politiques vertes (écologie sociale, décroissance, écoféminisme…) dans les idéologies et pratiques des musiques populaires

  • Activisme environnemental et sensibilisation par la musique

  • Écologies et paysages sonores dans les musiques populaires

  • Écologie et sous-cultures utopiques/dystopiques, représentations de l’anthropocène/capitalocène dans les musiques populaires

  • Défense de l’environnement / protestation contre les politiques vertes dans le champ

  • Études de cas d’interprètes, d’albums, de projets, d’artistes, etc.

Informations pratiques