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Après une brève période de silence, l’alchimiste du dubstep français Illektré revient en force. Son dernier EP, Back On Board, est un quatre titres bien ficelé qui ne se contente pas de murmurer un retour : il le gronde depuis les profondeurs. Avec un sound design d’une précision irréprochable, des atmosphères imprégnées d’ombres et des lignes de basse qui grondent comme des glissements tectoniques, Illektré prouve qu’il n’a rien raté. En fait, il a même deux longueurs d’avance.
Le morceau d’ouverture, « VHS », avec la menace vocale grisonnante du MC britannique Precinct Phantom, est une balade hantée à travers un sifflement de bande corrompu et un beat décadent. Le morceau résonne comme une transmission d’une station pirate perdue, diffusée directement dans l’abîme. Illektré maintient le subwoofer bas et menaçant, laissant aux mesures de Phantom toute la place nécessaire pour respirer et piquer. C’est une déclaration d’intention : un dubstep ancré dans la tension, pas dans le théâtre.
« Asphalt » suit avec un ton plus froid et mécanisé. Construit sur des rythmes lourds et décalés et des textures distordues, c’est la bande-son d’une promenade nocturne à travers une ville post-industrielle. La conception d’Illektré est méticuleuse : chaque élément est placé avec une précision chirurgicale, chaque pause est un vide de pression. On ressent une dynamique qui vous entraîne, même si le poids des basses tente de vous retenir.
Le troisième morceau, « Mongo Push », est sans doute le plus facile à écouter pour les non-spécialistes de l’album, mais ne vous attendez pas à des moments où vous vous tenez les mains en l’air. C’est un morceau militant, sombrement percussif, et débordant de tension dub et jazzy. Illektré joue avec l’espace et les syncopes comme un vétéran, captivant l’auditeur avec des changements de rythme décalés et des échos spatiaux profonds qui rappellent le dub fondateur, mais à travers une perspective dystopique.
Enfin, « Rock » clôt l’EP avec une énergie dense et grinçante. Un mur de subwoofers et de growls filtrés s’écrase contre des charlestons dispersés et des caisses claires fantômes. Loin d’être explosif au sens habituel du terme, il bouillonne d’une agressivité maîtrisée. Illektré laisse l’ambiance parler plus fort que le mix, enveloppant l’auditeur de couches de noirceur et de pression jusqu’à ce que la note finale tombe dans le silence comme une guillotine.
Avec Back On Board, Illektré plante fermement son drapeau dans le sol profond et sombre. Il ne s’agit pas d’une expérimentation de genre ni d’un trip nostalgique : c’est l’expression pure d’une musique sound system conçue pour les heures tardives, les lumières tamisées et les installations sérieuses. Et si Illektré revient à bord, on ne peut qu’imaginer la suite lorsqu’il prendra les commandes.
autoportrait
Producteur de deep dubstep et de grime.
Je fais de la musique depuis 2002. J’ai eu plusieurs projets de bass music depuis mes débuts : drum’n’bass, dubstep, hip-hop, dub, digital reggae.
Depuis 2017, je me concentre sur le deep dubstep et les morceaux dark à 140 bpm.