« Aran », nouvel lbum de CHRISTINE OTT & MATHIEU GABRY [soundtrack / Strasbourg]

communiqué
Avec ARAN, Christine Ott conclut une trilogie de créations d’après l’œuvre cinématographique de Robert Flaherty, après « Nanook of the North » et « TABU », co-réalisé avec F.W. Murnau. Situé sur une île au large de l’Irlande, constamment battue par les tempêtes, le film dépeint le quotidien d’une famille de pêcheurs au siècle dernier ; un véritable hymne au courage de ces habitants, constamment en lutte contre les éléments. Christine Ott est accompagnée sur scène par Mathieu Gabry, son partenaire dans Snowdrops, et le duo tisse une partition entre impressionnisme, musique répétitive et post-rock de chambre ; un ciné-concert exotique, puissant et émouvant. Cet enregistrement live, à paraître chez Gizeh Records, est la dernière répétition avant la première, dans le silence de la salle Cheval Blanc près de Strasbourg, avant l’entrée du public…

Ott a passé quatre ans à composer pour le film. Initialement conçue comme une pièce pour piano solo, la compositrice y a ensuite intégré son jeu autodidacte de harpe, puis le thérémine, lointain cousin de ses chères ondes Martenot. Elle a invité Gabry aux claviers et à la boîte à bourdons pour sculpter ensemble ce flux musical ambitieux, physique et immersif. Cette heure et quart de création originale répond à la puissance des images de Flaherty et à un montage hautement musical, parfois expérimental pour l’époque. Naturellement, des pièces pour piano classique ponctuent l’album ; le thème principal, Aran Theme, ainsi que ses variations et reprises, sont empreints de romantisme et évoquent Chopin ou Debussy. Le contraste constant entre la sérénité de ces humains et la force de la nature se reflète dans l’esprit « Sturm und Drang » des pièces Stone Island, Western Lights et Land of Freedom. Cette dernière pièce résume parfaitement cela, avec la dualité du piano ultra-expressif de Christine et des lignes de basse profondément ancrées de Mathieu ; un final aussi minimal qu’orchestré, mélancolique mais plein d’espoir. Des passages moins classiques ponctuent l’album. Dans The Fishing Line, le mélange de sonorités de harpe et de percussions analogiques accompagne avec entrain le jeune pêcheur au sommet des falaises, où ses mouvements précis avec la ligne se traduisent en boucles et glissandos répétitifs. Vient ensuite The Shark and the Rope, qui devient plus minimaliste dans sa seconde moitié et pourrait évoquer les pièces pour piano de Rachel ou Meredith Monk. Dans Beneath the Surface, le thérémine répond à l’orgue dans une scène hallucinatoire de chasse au requin, tandis que Le Départ sonne comme une pause dans ce continuum, Gabry jouant une mélodie solo rappelant The Cinematic Orchestra. Il déploie ensuite une petite symphonie de souffles et de bruit blanc dans Last Breath, avant que Shadows in the Waves ne prenne le relais ; un morceau qui fait référence à Inner Fires de leur duo Snowdrops (2021) et Circles, une pièce de bravoure composée pour le film Manta Ray (Aroonpheng, 2018). En définitive, Ott & Gabry présentent ARAN comme une œuvre globale, un véritable manifeste pour l’humanité naturelle, tant par le sujet du film que par leurs performances ; une création qui résonne d’une manière très particulière aujourd’hui.